Les paysans engagés en agriculture biologique coopèrent avec le vivant pour produire une alimentation de qualité et assurer la pérennité de leurs terroirs. Ils reconnaissent un sol vivant par la diversité biologique qui l’habite. Or cette diversité est soutenue par la diversité des plantes qui y poussent. Les semences paysannes offrent une diversité intrinsèque et toujours renouvelée pour assurer la coévolution au sein de l’agroécosystème en incluant l’évolution des pratiques. Les variétés modernes, homogènes et stables, ont été conçues pour imposer une standardisation des systèmes de production et de transformation, et non pour stimuler la biodiversité.
La semence paysanne soutient la création d’une bio authentique toujours en devenir, pour relever aujourd’hui tous les défis que les pionniers de la bio avaient pointés au XXe siècle : promouvoir la vie dans les écosystèmes, redécouvrir une alimentation vivante et privilégier une organisation sociale solidaire à l’image de la relation bienveillante entre le paysan et ses semences.
Véronique CHABLE
INRA – Centre Rennes-Le Rheu – Sciences pour l’Action et le Développement (SAD) – UMR BAGAP
Biodiversité cultivée et Recherche Participative
L’ensemencement et l’implantation sont deux mots qui sonnent bien. Ils renvoient à ces moments où les cultures sont activées et s’installent, avant d’exprimer dans la diversité leur potentiel de croissance et de développement. À partir de ce contact avec la terre et d’autres éléments, des paysans et jardiniers produisent des aliments qui nous nourrissent.
La semence crée aussi un lien entre production et reproduction agricoles, par la capacité qu’ont les paysans et jardiniers à récolter leurs propres semences ou plants. Certes, les systèmes de culture correspondants peuvent être plus lents que ceux prônés dans les modèles intensifs ; mais ce lien est aussi le garant d’une plus grande autonomie et d’une inventivité dans la conception même des «planches» (organisation spatiale, associations,…).
Et la diversité résultant de ce travail peut être valorisée dans des économies de gamme. Les enjeux portent non seulement sur les produits eux-mêmes, en intégrant leur capacité de conservation au champ et après la récolte, mais aussi sur les liens qui sont établis entre les différentes dimensions évoquées et les valeurs vivantes qui sont générées dans ces ensemencements…
Stéphane BELLON
INRA – Centre d’Avignon – Sciences pour l’Action et le Développement (SAD)
UR Ecodéveloppement