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L’AGROÉCOLOGIEpaÀr CLha’ErleCs OHECRUVÉL-GTRUURYEER

Longtemps méconnue, l’agroécologie a commencé à se LES OBJECTIFS DE L’ÉCOCULTURE :
populariser lentement à partir des années 80. Elle est
née de la rencontre entre l’écologie et l’agronomie et 1. Produire une nourriture de qualité pour
prend en compte la terre, les humains et les liens qui les tous les êtres humains.
unissent.
Au cours des décennies écoulées, l’ampleur des dégâts 2. Reproduire la fertilité des sols, afin
causés à la biosphère et à la santé humaine par les d’assurer la pérennité des agroécosystèmes.
modèles productivistes est devenue de plus en plus La quête d’une «agriculture permanente» fut
flagrante. Cette prise de conscience favorise la quête l’un des objectifs majeurs des pionniers de la
de nouveaux modèles. La pertinence des concepts de la permaculture.
permaculture, née à la fin des années 1970 en Australie,
a séduit un nombre croissant de personnes à travers le 3. Assurer une digne rémunération à celles et
monde. ceux qui travaillent la terre.
Pour sortir de la confusion trop répandue entre 4. Privilégier la production et la distribution
permaculture et agriculture, je suggère d’avoir
recours au vocable écoculture, né dans la mouvance des des denrées agricoles au niveau le plus local,
travaux de l’agronome américain Wess Jackson, l’un des afin de sortir des flux mondialisés et d’améliorer
pionniers de l’agriculture bio-inspirée. la sécurité alimentaire, notamment celle des plus
L’écoculture est une agriculture qui prend la démunis.
nature pour modèle.
L’écoculture est fondée sur une observation et une 5. Restaurer la biosphère : créer des sols fertiles,
imitation très fine des écosystèmes, et nécessite donc des
connaissances approfondies sur les sols, les plantes, les stocker du carbone et contribuer ainsi à l’équilibre
animaux et la nature en général. En cela, elle s’appuie sur du climat, protéger la biodiversité, préserver les
les dernières avancées dans les domaines des sciences du ressources en eau...
vivant. Nos connaissances en biologie doublent tous les
5 ans ! 6. Créer des agroécosystèmes résilients,
L’écoculture est habitée d’une certaine radicalité : elle susceptibles de rester productifs en cas
est bio par nature, mais va plus loin que les formes de crise : climatique, économique, financière,
d’agriculture bio préexistantes, en prenant en compte troubles sociaux, guerre...
les grands enjeux du monde contemporain. Les études
conduites au Bec Hellouin semblent indiquer que les COMMENT NOURRIR DIGNEMENT ET
solutions bio-inspirées peuvent atteindre une haute DURABLEMENT LES GÉNÉRATIONS
efficacité. Pourquoi s’en étonner ? La nature est À VENIR ?
suprêmement efficace ! (Photo 2536)
Prendre la nature pour modèle,
produirelepluslocalementpossible,
s’affranchir des énergies fossiles et
des ressources non renouvelables,
privilégier l’organique au minéral,
le low tech, les solutions simples
et peu coûteuses, multiplier des
toutes petites fermes extrêmement
soignées, familiales et paysannes   :
voilà bien l’ADN de l’écoculture  !
Elle reste un concept à explorer, à préciser - vaste
chantier auquel chacun de nous peut contribuer !

Charles HERVÉ-GRUYER
Maraîcher, arboriculteur et éleveur à la Ferme du Bec
Hellouin. Auteur de «Permaculture. Guérir la Terre,
nourrir les hommes», «Vivre avec la Terre» et directeur
de la collection Résiliences (Editions Ulmer).
Rapport scientifique de l’Institut
de la Ferme du Bec Hellouin :

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